Je suis née en Lorraine dans les années 60, d'un père d'origine Slave, dessinateur, maitre d'œuvre, peintre à ses heures et d'une mère d'origine Lorraine issue du milieu de la ferronnerie d'art.

Elle déclamait le théâtre classique ou chantait Edith Piaf tout en cuisinant d'excellents petits plats dignes d'un Cordon Bleu. Dès notre plus jeune âge, grâce aux rêves de maman, mes quatre frères et sœurs ainsi que moi-même avons étudié la danse et de la musique en cours privé et conservatoire."

Petite, je modelais de la mie de pain à table, cette matière m'incitait à façonner de nombreuses formes. A quatre ans, je dis à ma mère, en voyant mes soeurs tournoyer dans leur cours de danse, que je souhaite devenir danseuse. Elle accepte et je prends très vite plaisir à m'exprimer sur scène lors des spectacles. Danser se révèle pour moi facile et amusant.

Alors que j'avais six ans, nous montions une pièce de théâtre à l'école, dont nous, les enfants, devions imaginer le décors. Ma proposition fut retenue.

Grâce à ce témoignage de confiance et pour mon plus grand plaisir, je prends conscience que ce que j'imagine peut se réaliser : Deux ans plus tard, j'entre à l'Ecole du Conservatoire de Metz pour 8 ans d'études de danse et de musique. Je réalise chaque jour la chance que j'ai de vivre ainsi.

A treize ans, je commence à danser au Grand Théâtre de Metz.

J'accueille tout de suite la chaude lumière des éclairages, les parfums de bois du plancher de la scène, les lourds rideaux de velours dans lesquels je m'enroule quand il fait froid. J'adore la sensation d'être dans la lumière, de travailler dans de nombreux décors et de porter des costumes aux diverses formes et matières.

A 17 ans je deviens danseuse professionnelle, à l'Opéra de Nancy, lequel crée la majorité de ses spectacles. L'Opéra possède son propre atelier de décors et de costumes. Je sillonne les divers ateliers et observe chaque métier.

Alors que je recommence à m'intéresser au modelage, je rencontre un sculpteur qui perd peu à peu l'usage de ses mains. Je l'aide dans son atelier à scier, coller ses structures et fit une chorégraphie dans laquelle je dansais avec ses sculptures. Partie à Paris je réalise plusieurs expériences en danse, théâtre, chant et décide de me lancer dans l'apprentissage de la sculpture.

Je travaille et étudie dans plusieurs ateliers et académies mais ma rencontre avec Alberto CARLISKY me fait prendre un tournant important. Sculpteur autodidacte, il a travaillé avec ZADKINE. Il m'apprend l'humilité dans le travail. Notre relation est comme celle d'un père envers sa fille. Il est intransigeant, n'hésitant pas à jeter mon travail de plusieurs semaines au sol en me disant : «C 'est pas mal mais ça peut être mieux !»

C'est peut être pourquoi je peux, aujourd'hui, recommencer un travail que je ne trouve pas satisfaisant sans que j'en sois «trop» affectée. Je garde de lui le souvenir d'une personne attachante et incroyablement talentueuse. Depuis j'ai pris mon envol et crée seule dans mon atelier lyonnais.